C’est un lieu commun, pour les amateurs de vidéoprojection, de dire que jusqu’à présent DLP et JVC, utilisés dans la même phrase, rimaient avec concurrence. Imaginez donc quel n’a pas été notre étonnement de découvrir le lancement par le constructeur japonais de deux vidéoprojecteurs DLP.
JVC-KENWOOD a donc annoncé avec surprise la sortie en juillet 2016 de deux nouveaux vidéoprojecteurs. À la différence de la plupart des produits du constructeur, les modèles LX-FH50 et les LX-WX50 emploient la technologie DLP au lieu de panneaux lcd-transmissifs LCOS appelés par JVC D-ila. Ils intègrent donc bien une puce DMD de 0,65″ en résolution full hd pour le FH50 (1920×1080) et WXGA (1280 x 800) pour le WX50.
Si le modèle WXGA est destiné au monde professionnel (éducation, entreprise), le LX-FH50 (que nous testons aujourd’hui) est destiné au cinéma à la maison et plus particulièrement à prendre sa place dans votre salon. Sa haute luminosité (5000 lumens annoncés !) doit lui permettre d’éclairer soit de très grandes bases d’écran dans des salles dédiées, soit d’être mis en œuvre dans des environnements dans lesquels le contrôle de lumière ne peut être réalisé.
Il s’agit là d’un changement radical dans la ligne de produits de JVC qui veut ainsi s’attaquer à la clientèle des gamers, amoureux de diffusion sportive sur très grande image, pour qui le contraste n’est pas le facteur le plus important de l’image. En rupture totale donc avec la philosophie de conception des vidéoprojecteurs D-ila home cinéma champions incontestés du contraste natif.
A l’heure ou nous écrivons ces lignes, le DLP JVC LX-FH50 n’est pas encore disponible, il est annoncé chez vos revendeurs pour le mois de juillet 2016 au prix public recommandé de 2299€.
PRÉSENTATION
Premiers exemplaires des projecteurs DLP de JVC, le LX-FH50 offre donc une puissance lumineuse de 5000 lumens à l’aide d’une lampe UHP classique de 370W (annoncée avec une durée de vie de 2500 heures en mode économique). Il est conçu pour toutes les applications de divertissements vidéos (télé, cinéma, jeux vidéos). De résolution 1920 x 1080 (full HD), il est également compatible 3D avec des lunettes DLP-Link (non fournies).
La roue chromatique est un modèle à quatre segments dont un blanc (RGBW).
Sa coque ne présente aucune similitude avec des modèles existants chez JVC ou chez les concurrents, tout juste pouvons nous lui trouver une lointaine ressemblance avec d’anciens projecteurs DLP Mitsubishi.
Son bloc optique est entièrement manuel (zoom, focus et Lens-shift vertical) avec un rapport de zoom de 1.6 x et un petit décalage vertical de l’objectif (décalage 110-115%). Le keystone électronique sur quatre axes doit venir aider à corriger les problèmes de placement et de géométrie.
Doté d’un panneau de connectique analogique et numérique particulièrement bien fourni, il est compatible avec les signaux 2HDMI 1.4a HDCP 1080 / 60P et 1080p / 24, et 1080i / 50 et supporte les signaux PC jusqu’à UXGA sur D-SUB. A l’aide de sa prise LAN il prend en charge tous les protocoles de commande réseau (Crestron, AMX, PJ LINK et eControl et RoomView).
La télécommande est anecdotique, au format carte de crédit, elle s’est montrée toutefois bien réactive et avec un large rayon d’action. Nous regrettons néanmoins son aspect « bon marché » alors que des modèles DLP concurrents positionnés à des tarifs bien plus abordables offrent des versions éclairées et plus complètes.
N’oublions pas d’évoquer les deux haut-parleurs intégrés qui doivent permettre de prendre son vidéoprojecteur avec soi sans être tributaire d’une installation dédiée avec amplificateur et système Dolby Digital/DTS.
LES MENUS
Avec les menus, nous rentrons en territoire connu… mais pas chez JVC-KENWOOD. Il faut plutôt chercher chez BenQ car l’organisation et les formes des différentes options sont empruntées à ce concurrent de la frange des constructeurs DLP.
Dans le menu image à côté des réglages classiques de luminosité, netteté, teinte, contraste, 4 modes préréglés d’usines sont disponibles : Lumineux, salle de séjour, sRVB, film. Dans ces sélections, les paramètres de réglages avancés sont réduits. Pour bénéficier de plus d’options , il faut utiliser les mémoires de sauvegardes utilisateurs 1 et 2.
En matière de température de couleurs, l’utilisateur a accès aux pré-réglages usine suivants : chaud , normal , froid. Le menu avancé autorise un ajustement des niveaux RVB (Gain et Offset) et un CMS sur 3 dimensions pour les couleurs primaires et secondaires et permet de corriger les valeurs de nuances, de saturation et de gain. Hélas, il ne fonctionne qu’avec l’activation du mode Brilliant Color.
Aucun éditeur de gamma n’est présent ; seules des valeurs étalonnées en usine sont proposées.
L’interpolation d’images ou l’aide à la fluidité est absente, ainsi que les traitements vidéos d’amplification de la netteté.
En matière de 3D, l’activation du mode DLP-Link se fait soit de manière automatique pour les signaux entrelacés, soit en forçant le signal pour les modes haut-bas ou côte à côte. Le JVC DLP LX-FH50 ne propose pas de convertisseur 2D/3D.
VERDICT TECHNIQUE
Mais quelles sont les performances de cet OVNI de la vidéoprojection ? JVC a t’il réussi son pari en s’attaquant à une nouvelle clientèle ? C’est à toutes ces questions que nous allons nous efforcer de répondre à l’aide de nos différents appareils de mesures et de nos impressions subjectives quant à l’image délivrée.
Bruit de fonctionnement :
Haute luminosité rime rarement avec discrétion de fonctionnement : pour refroidir la lampe, les ventilateurs doivent tourner à plein régime. Le constructeur annonce 37db en mode lampe bas, nous n’en sommes pas loin avec 39db mesurés ! Le passage en lampe haut porte l’aiguille de notre sonomètre à 46db (mesures prises à 50cm du vidéoprojecteur).
Piqué/netteté :
Nous n’avons pas eu besoin de nos mires de netteté pour nous apercevoir que nous étions face à un champion de la précision d’image avec ce LX-FH50. Dès la mise en route de l’appareil et l’apparition des menus, les lettres sont parfaitement dessinées sans effet de double contours ni aberrations chromatiques. C’est net aussi bien au centre de l’image que sur les côtés. Ce constat visuel a été renforcé par l’utilisation de nos mires Burosch : les mires de 1 pixel sont reproduites sans bavures ou flou. Les carrés et les lignes restent débarrassés de tout artefact ou ajout qui n’a rien à y faire et ce encore une fois sur toutes les parties de l’image et pas simplement au centre.
Input lag :
Le temps de latence est important pour les joueurs de jeux vidéos et les ingénieurs du constructeur qui ont conçu ce nouveau vidéoprojecteur en partie pour cette clientèle n’ont pas négligé cette caractéristique. Avec un retard limité à 33,1 msec, le DLP JVC prend sa place parmi les meilleurs diffuseurs frontaux actuellement disponibles sur le marché. Amis Gamers, le LX-FH50 vous tend les bras et attend de prendre en charge vos parties de frags multi-joueurs sur 3 mètres de base et plus !
Fluidité :
Faute d’aide à la fluidité, les lignes de notre pendulaire Burosch sont cassées dans leur mouvement. Une aide supplémentaire sur ce point aurait été la bienvenue surtout à plus du double de prix d’un Vivitek H1188HD qui lui ne fait pas l’impasse sur cet « annihilateur » de judder.
Artefacts vidéos (bruit dans l’image, grésillements, AEC) :
La roue chromatique intégrée dans le LH-FX50 comprend un segment blanc, cette astuce vise à augmenter la dynamique générale de l’image (la luminosité) en contrepartie elle peut quelques fois entraîner la perception de bruit vidéo (des grésillements semblables à des artefacts de compression). Même avec l’activation du mode Brilliant color, le DLP JVC est épargné par ces effets indésirables ; c’est donc un point très positif. Les effets arc-en-ciel des DLP restent discrets mais sont toutefois perceptibles par les personnes sensibles.
Overscan/uniformité :
Par défaut, tous les symboles de notre image de test Bursoch pour mesurer l’éventuel rognage de l’image sont présents, signe que le cropping est absent. L’uniformité est également excellente avec des mires de gris reproduites sans dérive colorée et une mire à 0IRE (mire noire) ne présentant aucun effet de coins lumineux, encore une preuve que le bloc optique de ce nouveau vidéoprojecteur JVC-KENWOOD a été soigné.
Colorimétrie :
Nous avons mesuré les quatre modes usine de l’appareil avec notre sonde de mesures et notre logiciel Chromapure puis procédé à l’issue à une correction des niveaux RVB, le CMS étant inopérant face à un espace couleur natif beaucoup trop rentré sur le vert.
C’est effectivement une des caractéristiques de ce DLP JVC-KENWOOD : son espace couleur n’arrive pas à atteindre les valeurs de références de l’espace couleur rec709, la faute à un triangle restreint. Cette caractéristique est commune à toutes nos mesures. Au petit jeu du mode le plus fidèle aux références, c’est le sRGB qui s’en sort le mieux avec une température de couleurs mesurée à 6333K, un écart deltaE de 5.9 et un gamma moyen à 2.27.
La calibration que nous avons menée (en désactivant le mode Brillant Color) n’aura produit ses effets que sur les valeurs de luminance et les niveaux RVB, avec une température de couleurs ramenée à 6531K, un écart deltaE de 1.4 et un gamma moyen de 2.4.
L’analyse des valeurs de 25, 50 et 75% à l’aide de la mesure de CMS avancé démontre des écarts importants sur les intermédiaires qu’il ne sera pas possible de corriger.
Luminosité/contraste :
JVC est reconnu par la plupart de mes confrères testeurs comme étant un des rares constructeurs a annoncer des valeurs en sortie d’usine qui se rapprochent de celles mesurées en conditions réelles d’utilisation. C’est encore une fois le cas pour le LX-FH50 et ses 5000 lumens revendiqués par JVC-KENWOOD. Dans le mode le plus lumineux nous avons mesuré 4986 lumens avec le mode lampe haut et 3823 lumens après passage en mode économique.
La présence de l’option Brilliant Color booste effectivement les valeurs de luminosité, destinant ainsi le DLP JVC a éclairer des très grandes bases d’images. Ainsi, en respectant les 16fL règlementaires, il est capable de diffuser un film sur une base d’image de 7 mètres en mode lampe haut (et il serait encore à 17fl dans ces conditions).
Faute de dispositif de régulation du flux lumineux, nous avons donc calibré notre appareil de test en désactivant le mode brillant color, en plaçant la lampe en mode économique et en sélectionnant le gamma 2.4. Dans ces conditions avec une lampe neuve, le LX-FH50 peut encore être mis en œuvre en respectant les 16fL sur un écran de 2m90 de base, plus en phase avec des tailles d’écran plus communes en home cinéma.
IMPRESSIONS SUBJECTIVES
En nous servant de nos passages de tests d’Oblivion, Mad Max Fury Road et d’extraits de Gods of Egypt, nous nous retrouvons avec une image typée cinéma et une superbe dynamique. Seule la saturation des couleurs est en retrait face à des nouveaux modèles DLP équipés de roue chromatique RVBRVB.
La forte luminosité annoncée et mesurée du LX-FH50 ne doit pas vous faire peur. En effet, nous l’avons démontré dans nos mesures, il est possible de la ramener dans des valeurs utilisables sur des écrans de taille moyenne.
Les deux point forts de ce vidéoprojecteur sont clairement la précision de son image et sa dynamique. Les scènes de jour seront reproduites de belle manière dans leurs moindres détails. Pour les scènes nocturnes le DLP JVC sera bien aidée par la mise en œuvre d’une toile grise technique de type Lusocreen ou Draper.
Un point négatif : les travellings souffrent de judder et nous ne saurions trop recommander au constructeur d’envisager pour ce LX-FH50 la future intégration d’une aide à la fluidité, surtout dans l’hypothèse de la diffusion d’épreuves sportives ou de programmes télévisuels (qui sont quand même son cœur de vocation).
CONCLUSION
JVC et DLP : Hé bien il va falloir s’y habituer ! Jusqu’à présent, ces deux sigles étaient antagonistes et les voici réunis. Pour son entrée dans le monde de la vidéoprojection à l’aide de micros-miroirs, le constructeur japonais nous offre un modèle versatile, champion de la précision d’image et de la luminosité. Si nous avons relevé ses faiblesses dans les domaines de la fluidité et du contraste, ces choix sont assumés par le constructeur et correspondent au public pour lequel il a été conçu, à savoir celui des gamers et des amoureux du football et autres compétitions sportives diffusées sur très, très grande image.
Fort de ce prélude, nous attendons maintenant les futurs modèles du constructeur en espérant qu’une déclinaison « Home cinéma pure » sera proposée, qui conservera les points forts du LX-FH50 en y ajoutant un traitement vidéo de compétition, un iris fixe et dynamique et une colorimétrie plus proche des références HDTV et pourquoi pas, soyons fous, une source lumineuse laser.
Bravo en tout cas à JVC, pour avoir à la fois rompu la monotonie ambiante du monde de la vidéoprojection et pris des risques dans un domaine qu’il n’avait pas arpenté jusqu’à présent. Vivement la suite !
Nous avons apprécié :
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La qualité de l’optique
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Le rapport de zoom permettant une très grande image avec peu de recul
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La luminosité
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La connectique
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Le Lens-shift
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Les haut-parleurs intégrés
Nous regrettons :
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Le bruit de fonctionnement
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La télécommande
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Un espace couleurs qui ne peut être ajusté à la norme
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Un contraste moyen, conséquence de la force de la luminosité
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L’absence d’aide à la fluidité
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