TEST ACER V9800
Avec la réception de l’Acer V9800, nous entamons notre second test d’un DLP 4K après celui du BenQ W11000. La référence à ce modèle n’est pas anodine car si les deux appareils partagent la même base, ils ne sont pas tout à fait identiques, ce qui répond dès l’introduction à la question principale que se posent nos lecteurs.
Ce vidéoprojecteur DLP est un des précurseurs de toute une vague de diffuseurs frontaux équipés de la toute nouvelle puce UHD 0,66″ qui va être présentée à l’ISE d’Amsterdam (Viewsonic, Optoma, Vivitek, BenQ, etc.).
Entre autres particularités, s’il partage bien la même base physique avec le BenQ W11000, le V9800 ne dispose pas d’une certication THX mais il est proposé à 2000€ de moins que le BenQ et offre une capacité HDR absente du modèle concurrent.
En précisant que l’Acer V9800 devrait être disponible à la vente dès le mois de février 2017 au prix de 3999€ en Allemagne et 4499€ en France et en ajoutant qu’il nous a réservé d’excellentes surprises, voilà de quoi nourrir votre impatience de découvrir notre évaluation de ce projecteur.
PRÉSENTATION
C’est un gros vaisseau noir qui a atterri dans notre salon : sa coque lisse s’allonge sur plus de 56 centimètres avec une largeur de 47 cm et une hauteur de 22 cm. Ce n’est clairement pas un modèle que l’on peut emporter avec soi. Il est vraiment destiné à prendre sa place à demeure dans une salle dédiée.
Le V9800 est certifié ISFccc et dispose des menus cachés permettant à un professionnel de le calibrer finement (mais nous verrons plus tard dans le test qu’il n’en a pas du tout besoin). Tout comme le BenQ W11000, le nouveau ACER 4K est uniquement 2D (bye, bye la 3D!).
Mais continuons le tour physique de l’appareil en nous intéressant au bloc optique qu’on peut déplacer à l’aide d’un lens-shift horizontal et vertical manœuvré par des molettes dissimulées sous une trappe de la coque. Les ajustements sont manuels ; aucune motorisation ne pilote le zoom, le focus ou encore ce décalage de la lentille (+65% sur l’axe vertical et +27% sur l’axe horizontal).
Pour obtenir une image de 2 mètres de base, il faut un recul compris entre 2m72 et 4m06 ; pour 2m50 de base, ces distances augmentent à 3m40 et 5m07.
Toute la connectique est positionnée sur le côté de l’appareil : 2 prises HDMI dont 1 HCDP 2.2, 1 RJ45, 1 VGA, 1 USB, 1 prise LAN. L’alimentation électrique se fait également par le même côté. En cas de perte de la télécommande, un panneau de commande dissimulé sous une trappe coulissante permet l’accès aux menus du projecteur.
Concernant justement le pilotage à distance, le constructeur propose enfin une toute nouvelle forme de télécommande mais en oubliant encore une fois d’offrir un rétroéclairage ! Quant aux menus, ils bénéficient dorénavant et avec bonheur d’une meilleure ergonomie.
Si le V9800 est un vidéoprojecteur labellisé UHD HDR, on ne peut pas vraiment parler d’une résolution Ultra HD native (3840×2160). En effet, ce modèle intègre la nouvelle puce DLP de Texas Instrument (TI) de 0,66″ que nous avons déjà présentée sur le blog. Elle offre nativement une résolution de 4 millions de pixels (donc bien davantage qu’une simple résolution 1080P donnant 2 millions de pixels). Le traitement XPR va porter ce nombre à 8 millions pour atteindre une résolution UHD, chaque pixel étant dédoublé. XPR est l’appellation TI pour ce procédé. Cette solution technique est plus élaborée que la simple wobulation.
La vitesse de commutation rapide de la puce (plus de 9.000 fois par seconde) permet à chaque miroir de reproduire deux pixels distincts et uniques par trame, de sorte qu’elle peut théoriquement afficher chaque pixel d’une source UHD.
Le V9800 est annoncé par le constructeur avec une luminosité de 2200 lumens en mode lampe haut et 1760 lumens en mode lampe éco, tout ceci avec un contraste dynamique de 1 000 000:1. La lampe est un modèle de 240W offrant 3000 heures de vie en mode de fonctionnement normal et 4000 heures en mode éco. Sa roue chromatique DLP est une version RVBRVB.
LES MENUS
Première bonne nouvelle après l’amélioration de la télécommande : À la découverte de la présentation des menus du V9800 et dans la navigation en leur sein, le constructeur a enfin changé leur présentation ! Les menus sont maintenant modernes. Trois mémoires de sauvegardes sont proposées et la navigation est identique à celle des autres constructeurs : on valide simplement par la touche «ok » et non plus par les flèches de navigation. Cela faisait des années que nous pestions contre ces défauts récurrents chez Acer et ils sont enfin corrigés (À quoi Acer que Grégo il se décarcasse ! ;-). Toutefois, il reste quand même une épine : dès qu’on intervient sur un paramètre de l’image on tombe obligatoirement dans une des mémoires utilisateurs. Autrement dit, il n’est ainsi pas possible de modifier les couleurs et le gamma des modes usines sans être automatiquement basculé dans un des blocs de sauvegardes utilisateurs.
Puisque nous évoquons les sélections usine, elles sont déclinées dans l’ordre suivant : Lumineux, standard, sRGB, rec709, film, cinéma sombre, sport, jeux et 3 blocs utilisateurs.
Pour intervenir sur l’image, les réglages classiques de teinte, luminosité, couleur et netteté sont associés à des sélections de couleurs et gamma. Pour accroître la netteté, le V9800 dispose d’une option appelée « super résolution ».
Particularité lorsque le mode silencieux est sélectionné, le traitement XPR est désactivé et la puce DLP travaille dans sa résolution native de 2716×1528 alors qu’avec l’XPR elle affiche une résolution UHD de 3840×2160. Dans ce mode, l’iris dynamique est désactivé par défaut et la lampe passe en mode économique.
Pour ajuster encore plus finement les couleurs, l’utilisateur dispose d’un réglage séparé des niveaux RVB et d’un Color Management System (CMS) pour les 3 dimensions du Gamut.
Le contraste natif peut être renforcé par l’activation d’un iris dynamique qui vient adapter la puissance lumineuse au contenu de l’image. Si c’est une scène de jour, il va s’ouvrir complètement pour laisser passer un maximum de lumière tandis qu’à l’inverse pour une scène nocturne il va se refermer. Hélas, son fonctionnement s’accompagne d’un bruit de crécelle (nous ne pouvons pas mieux le décrire) particulièrement désagréable et handicapant pour une utilisation home cinéma. C’est dommage car cet iris dynamique augmente drastiquement le contraste visuel de l’image du V9800.
Au rayon des absents, nous notons comme pour le W11000 le manque d’un dispositif d’aide à la fluidité (interpolation d’images) mais le V9800 supporte les signaux UHD et 4K HDR avec des sélections de gamma et deux modes HDR dédiés (HDR1 et HDR2).
VERDICT TECHNIQUE
Bruit de fonctionnement :
Alors que la conception du V9800 est physiquement identique à celle du W11000, le nouveau projecteur ACER est plus bruyant que son concurrent. Seul le mode silence (mode lampe économique) remplit parfaitement son œuvre avec 30dB mesurés à 0.50 cm de l’appareil . Les autres modes couleurs portent cette mesure à 35dB et 40dB en mode lampe haut.
Toujours en matière de bruit, nous avons évoqué plus haut la problématique de l’activation de l’iris dynamique.
Netteté/précision :
Le BenQ W11000 et maintenant l’ACER V9800 sont des champions de la précision d’image et de la netteté.
Tel que déjà écrit dans notre banc d’essai du BenQ 4K, pour restituer la précision d’une image UHD ou 4K le DLP dispose de plusieurs avantages sur les technologies de projection concurrentes. Principalement, c’est grâce à la puce unique (mono-dlp) qui, contrairement aux projecteurs en triple, ne souffre pas d’une réduction de la netteté due à un mauvais alignement des panneaux. En sus, elle bénéficie d’un avantage dans la fonction de transfert de modulation d’un signal optique (Source Wikipédia : La fonction de transfert de modulation est en optique la fonction qui définit le contraste en fonction de la finesse des détails à restituer. Elle permet d’évaluer les qualités d’un objectif, d’un capteur ou encore d’un vidéoprojecteur).
A l’heure actuelle et après avoir pu comparer avec les modèles concurrents à simulation 4K chez EPSON, JVC ou à résolution 4K native chez SONY, ces deux modèles DLP sont les seuls à apporter une telle précision d’image en rendant justice aux sources UHD ou 4K. Cette différence est aisément perceptible sans avoir besoin de mires.
La qualité du bloc optique équipant le V9800 égale celle du W11000 ; nos mires de netteté ne révèlent aucune trace d’aberrations chromatiques.
Par contre, nous restons quelque peu dubitatifs sur l’effet à l’image de l’option « super résolution », En la portant dans ses niveaux plus haut nous n’avons perçu aucune différence sur le piqué de l’image (qui n’a à vrai dire pas besoin de cet artifice).
Input lag :
S’il n’atteint pas les performances des meilleurs avec ces 52.6 ms de retard, le V9800 reste dans de bons niveaux qui ne contredisent pas une utilisation 4K Gamers ! Il fait d’ailleurs mieux sur ce point que le W11000 et ses 65.5 ms.
Fluidité :
Pas de miracle à attendre sans interpolation d’images à disposition ; le judder et la perte de précision dans les travellings sont malheureusement bien présents. A nos yeux, il s’agit de la principale faiblesse de ce modèle.
Uniformité :
Projecteur DLP théoriquement épargné par les dérives colorées sur fonds clairs (qui sont plus l’apanage des LCD), le V9800 ne déroge pas à la règle et notre mire de test grise reste exempte de toute pollution.
Overscan :
Certaines appellations sont comiques : pour obtenir les 100% de votre image sans qu’elle soit rognée par l’activation de l’overscan il faudra sélectionner le mode « sous-balayage ».
Artefact/bruit vidéo/AEC :
Avec ou sans activation de l’XPR, l’image projetée par le V9800 est lisse, sans bruit vidéo ou grésillement même après activation de mode Brilliant Color.
La roue chromatique RVBRVB a pour avantage de diminuer la perception de l’effet arc-en-ciel pour les personnes sensibles, effet propre à la technologie mono-DLP.
Luminosité/contraste :
Avec une luminosité comprise entre 815 et 1640 lumens , le V9800 s’adaptera à la plupart des tailles d’écran, avec des couleurs naturelles. Il peut arroser une base d’écran de plus de 4 mètres en mode « standard ».
Le mode sRGB ne nécessite aucune calibration et dans ces conditions le V9800 peut éclairer avec 16 fl une base d’écran de 3m40 en lampe haute et 2m90 en mode économique.
En activant l’iris dynamique dans ses niveaux moyen et haut on peut porter le contraste respectivement à 2360/1 (moyen) et 6540/1 (haut).
En comparaison avec le BenQ W11000, l’Acer est plus lumineux et plus contrasté ; cette supériorité se retrouve également dans la fidélité colorimétrique.
Tous nos relevés de contraste sont placés ci-dessous.
Colorimétrie et Gamma :
À l’exception du mode « lumineux » inutilisable en home cinéma du fait de sa dominante verte, nous avons mesuré l’ensemble des sélections usine.
Le V9800 dispose d’un mode «rec709» censé correspondre aux références HDTV. Or, s’il s’en rapproche, nous ne saurions trop vous recommander de plutôt choisir le mode « sRGB » qui est parfaitement calibré dès la sortie de boîte.
C’est exceptionnel chez ce constructeur et pour l’occasion il arrive même à faire mieux que des spécialistes comme Sony ou BenQ avec une précision des couleurs et du gamma redoutable. Si vous êtes un adepte du «je branche et j’utilise » sans mettre les mains dans le cambouis, le V9800 sera parfait pour vous.
Les valeurs prédéfinies 2.2 et 2.4 affichent une ligne droite d’un bout à l’autre des niveaux d’IRE et nous savons que la technologie DLP permettra de conserver cette caractéristique tout au long de la vie du projecteur.
Nous adressons nos plus vives félicitations aux ingénieurs d’Acer qui ont travaillé sur la colorimétrie et le gamma du V9800. Ne changez rien, c’est parfait comme ça (petit message à leur attention : 不要改变什么,它是完美的 ;-).
Rendu HDR :
Si nous avons constaté la fidélité aux références HDTV (Rec709) du V9800 d’Acer, il n’en va pas de même pour les gamut DCI-P3 et REC2020. L’espace couleur du V9800 est légèrement supérieur à celui de la référence rec709 dans le mode « film » mais il ne couvre que 72,6% de l’espace couleurs CDI-P3 et 50.1% du Rec.2020.
Toutefois, la gestion HDR est bien plus simple que chez ses concurrents : on branche et dès qu’il détecte un signal 4K/UHD HDR il commute le mode HDR avec deux réglages de gamma spécifiquement prévus « HDR1 » et « HDR2 » et ceci en 1 ou 2 secondes (c’est bien plus rapide que la synchronisation HDMI chez JVC ;)).
Mais, il y a tout de même un souci. Si la fidélité colorimétrique HDTV est certes parfaite sur le V9800, il n’en va pas de même pour les sélections UHD/4K HDR, obligeant à intervenir pour corriger des dérives tant au niveau couleurs que contraste car pour contrebalancer l’effet négatif d’assombrissement de l’image lié au signal HDR les ingénieurs d’Acer ont un peu trop forcé la dose sur l’éclairement de l’image. Heureusement, en sélectionnant le mode HDR1 et en intervenant sur le niveau de contraste, la situation peut rapidement être rectifiée.
S’il n’est pas possible d’entièrement bénéficier d’une vraie image HDR (principalement sur la saturation des couleurs grâce à un espace couleurs bien plus large), le rendu HDR de l’image du V9800 dépasse tout ce que nous avons pu tester jusqu’à présent chez SONY, EPSON ou JVC. Ce nouveau projecteur ACER donne vraiment un aperçu de l’avantage d’une image HDR, sans ses inconvénients (perte de dynamique).
AVIS SUBJECTIF
Ne faisons pas durer plus longtemps le challenge. Même s’ils partagent la même base, nous avons préféré l’Acer V9800 au BenQ W11000 pour plusieurs raisons. La principale est le support HDR mais surtout son rendu et sa facilité d’utilisation. C’est la première fois depuis que nous testons des Blu-ray UHD HDR qu’il n’y a pas lieu de fulminer contre la perte de luminosité générée.
Mais si le V9800 est parfait pour les programmes 4K ou UHD grâce à la précision de son image, il nous a également bluffé par la qualité de sa mise à l’échelle à partir de sources uniquement Full HD. Ce nouveau projecteur est un pont idéal entre les deux mondes du 1080p et du 4K.
Quel ne fut pas notre régal devant les extraits de Mad Max Fury Road (1080p), Fury (1080p), Lucy (1080p) Sicario (4K HDR), Xmen Apocalype (4K HDR). Dans notre environnement non dédié mais sur toiles techniques et à la force du contraste Ansi du V9800, à aucun moment nous n’avons été gênés par la profondeur de ses noirs. Le gamma est parfaitement géré et les scènes nocturnes sont admirablement reproduites, encore une fois avec moult détails.
Le seul point visuel pêchant quelque peu concerne la fluidité ; il faudra vraiment que les futurs modèles intègrent l’interpolation d’images pour pouvoir atténuer l’effet de judder face auquel des spectateurs sont particulièrement sensibles (dont nous d’ailleurs).
Toutes les photos qui suivent sont prises à partir de l’image projetée par l’ACER V9800.
CONCLUSION
Avec ce second modèle DLP 4K à lampe débarquant sur le marché, nous sommes de plus en plus persuadés que cette technologie de projection est la plus adaptée pour convaincre visuellement les réfractaires au passage du 1080P vers le 4K. Exemplairement, seuls le BenQ W11000 et ce nouvel ACER V9800 nous ont produit l’effet « WOW ! C’EST DE LA 4K ! », et ce malgré une matrice non native.
Alors direz-vous, ces deux modèles ne sont pas parfaits et ils sont encore équipés de lampes classiques, Mais ils ne resteront pas seuls longtemps : en 2017 les constructeurs de vidéoprojecteurs DLP vont nous inonder de nouveaux modèles 4K, à lampes, à laser ou à HDL. Nous sommes impatients de les découvrir à Amsterdam dès le 6 février 2017.
En attendant, saluons vraiment la performance visuelle accomplie par ce V9800 en encourageant la marque taïwanaise pour ses efforts sur la fidélité colorimétrique et l’ergonomie. Pour cela, nous décernons au nouveau venu un Award PJHC.FR bien mérité !
Enfin, pour en revenir à son concurrent direct et concernant le nerf de la guerre, le V9800 à 3990€ (Prix recommandé en Allemagne) et 4499€ (Prix recommandé en France) s’impose facilement face au BenQ W11000 qui, lui, est positionné à 5990€.
Nous avons aimé :
– Netteté/précision d’images,
– Colorimétrie exceptionnelle en sortie de boite, – Luminosité SDR et HDR, – Rendu HDR et simplicité d’utilisation HDR, – Prix.
Nous regrettons :
– Iris dynamique bruyant et avec effets de pompage,
– Bruit de fonctionnement, – Manque de fluidité.

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