PRESENTATION DE LA MARQUE
Elite Screens est une entreprise américaine fondée en 2004, dont le siège social est basé en Californie. La société dispose de plusieurs succursales à travers le monde : Australie, Chine, Allemagne, Inde, Mexique, Japon, et Taiwan. ES (Elite Screens) possède aussi une division plus haute gamme : EPV (Elite Prime Vision) qui a reçu plusieurs distinctions notamment pour son écran DarkStar 9, une toile technique ALR d’une valeur de 3000 euros ! La compagnie dispose d’un catalogue très riche : -18 types de toiles avec des gains allant de 1,0 à 4,0 (blanches, grises, lisses, tissées, acoustiques …) – 1 peinture spéciale projection (ScreenPaint 5DS2 gain 1,4) – 55 montures variées : écrans fixes, pliables, électriques, manuels, portables, tensionnés … Détail fort appréciable, leur site web est d’une transparence à toute épreuve. On peut consulter librement : rapports, certifications, homologations…. une liste non exhaustive où se mêlent Govmark (test d’inflammabilité), Normes ISO (Organisation internationale de normalisation), ISF (Imaging Science Foundation), Intertek et bien d’autres…
ES s’investit aussi dans un fonds de soutien « à des fins éducatives, religieuses, gouvernementales et militaires » : ENR-G. Ce projet se traduit par l’installation d’équipements de vidéoprojection dans des écoles, lieux de cultes et autres infrastructures d’État.
POSITIONNEMENT TARIFAIRE
La toile Cinegrey3D dans sa version cadre Sable Frame 100 pouces revient à 670 euros TTC, quand une toile Lusoscreen Darkstar coûte 1700 euros. Qu’est-ce qui explique cette différence de prix en premier lieu ? La réponse du constructeur semble évidente : « Au lieu d’offrir une fabrication sur mesure, nous nous concentrons sur la demande mainstream en fabricant des écrans dans des formats et tailles les plus communément demandés. En conséquence, nous disposons d’ un gros stock qui est prêt pour l’expédition immédiate. Cela économise de façon exponentielle les coûts de fabrication afin que le consommateur bénéficie d’un prix inférieur. » Outre la différence de composition du substrat, le Cinegrey 3D est donc un produit de série à grande échelle qui n’a rien à voir avec la fabrication artisanale de l’entreprise portugaise Lusoscreen. Elite Screens ne possède pas encore de magasin physique, ou revendeurs en France, seule possibilité : l’achat par correspondance via l’e-shop européen. Monnayant une taxe d’importation de 70 euros environ l’écran est expédié par transporteur et livré en 3 jours. Point essentiel et non des moindres, le constructeur propose l’envoi d’échantillons de manière totalement gratuite.
CERTIFICATION ISF
ISF quésaco ? Imaging Science Foundation, ISF, est un institut fondé en 1994 par Joe Kane et Joel Silver. La société a établi des normes et des procédures à respecter pour la calibration des diffuseurs Vidéo Elle délivre aussi des certifications aux systèmes vidéo qui répondent à certains critères. « ISF travaille avec la majorité des fabricants de projecteurs pour fournir des presets d’usine qui sont proches de ceux calibrés. Le fait de faire correspondre ces presets avec un écran certifié ISF offre la meilleure option pour ceux qui n’ont pas de calibreur sur site pendant l’installation. Merci beaucoup à Elite Screens pour la livraison d’écrans certifiés ISF avec une couleur précise! » Joel Silver, Président de Imaging Science Foundation ES possède deux toiles certifiées ISF : Le cinegrey 3D et le cinegrey 5D. EPV en possède 3 : Chromawhite, DarkStar9 , et Polar Star. Interrogé à ce sujet Elite Screens a pris le temps de nous répondre : « L’essentiel des qualités requises pour obtenir cette certification est :
- La fidélité des couleurs
- Une réponse Spectrale Plane »
Comprenez par fidélité des couleurs,et, réponse spectrale neutre, que le Cinegrey 3D doit être lambertien tout comme l’est une toile de référence blanche. Et voici en quoi consiste la procédure de test de l’ISF : « Le matériel ne peut pas dévier plus de 0.004 dans une échelle de gris de 9 points (fenêtre 20-100 IRE) pour la précision des couleurs. La couleur standard de gris / blanc (point blanc) est l’intersection de x 0.313, y 0.329 (D65) Il y a une tolérance de 0,004 pour atteindre les deux cibles, Plus ou moins 0.004 pour la coordonnée ROUGE, (x) 0.309> 0.317 Moins de 0.004 pour la coordonnée VERTE, (y) 0.325> 0.329 Le CineGrey 3D a été mesuré par l’ISF dans cette tolérance » A noter que les toiles Cinegrey possèdent aussi des certifications ISO 9001:2015, NFPA 701, ainsi qu’un marquage CE. Nous tenions à saluer le professionnalisme et la disponibilité de l’entreprise Elite Screens.eu. Chaque fois nos questions ont trouvé réponses.
SUBSTRAT ACTIF ALR
La toile technique Cinegrey est de nature ALR ( Ambient Light Rejecting), ce qui se traduit dans la théorie par un rejet partiel de la lumière ambiante ou directe quand celle-ci provient de directions différentes de celle du projecteur. Toutefois il ne faut pas s’attendre à pouvoir projeter convenablement avec des sources lumineuses puissantes ou en pleine journée. Le combat d’une toile ALR se situe plus au niveau de la réflectance d’un espace non-dédié. C’est un principe de physique bien connu, chaque surface d’un objet, et selon sa nature renvoie plus ou moins la lumière. Peinture bois etc.. chaque matériau a son propre indice de réflexion.Ce phénomène de réflectance influe de manière négative le rendu de l’image, entraînant une chute du contraste, une dérive de la colorimétrie. Enfin une toile ALR s’inscrit dans un cycle vertueux puisqu’elle tend à diminuer l’indice de réflexion des surfaces environnantes à l’écran. Le rendu de l’image projetée en reçoit les bénéfices, ainsi que l’immersion qui progresse légèrement. La toile Cinegrey 3D est donnée pour un gain 1,2, tandis que la 5D bénéficie d’un gain 1,5 5D signifiant que la toile peut être utilisée pour la visualisation 2D , tout en étant polarisée pour les applications 3D passives. 2D + 3D = 5D. Le Cinegrey 3D a été conçu pour améliorer les projecteurs à 3D Active pour des environnements de lumières ambiantes modérées.
Si l’on compare les graphes sur la répartition du gain, on s’aperçoit que le Cinegrey 3D semble plus directif qu’une toile blanche neutre. Le pic à 0° laissant présager la présence d’une brillance plus ou moins soutenue. Ainsi en restant rigoureusement dans l’axe de l’écran, le constructeur annonce un gain de 1,2 avec une chute à 0,8 si vous vous déplacez de 15°, voir 0,6 à 45°.
ASSEMBLAGE
Comme nous le disions au début de l’article, ES propose des écrans dit « entrée de gamme » avec un choix très vaste au niveau de ses finitions. Nous avons pu tester durant plusieurs jours l’écran fixe Sable Frame qui représente la gamme la plus économique du catalogue.
Le colis pèse tout juste 12 kilos, soit quasiment le poids total de l’écran une fois monté. Une très bonne surprise ! Le choix des matériaux ,( acier, aluminium , plastique etc), semble judicieux.
Les différents éléments sont bien protégés, malgré la fragilité du carton de transport. A l’intérieur on retrouve un guide en anglais. Le montage est élémentaire et n’est pas sans rappeler la simplicité d’assemblage du géant suédois Nous vous recommandons tout de même de prévoir deux personnes pour tendre la toile, cela évitera aux esprits de s’échauffer lors de cette étape délicate.
Notre plus grande interrogation concerne le choix du système de tension par baguette et clips en plastique. Outre la difficulté d’emboîter les clips, et le risque d’endommager la toile, ce choix ne s’inscrit pas dans une perspective pérenne.
On aurait préféré voir le plastique remplacé ici par un alliage léger type aluminium. Même avec toutes les précautions nécessaires nous avons réussi à casser une attache tout en déchirant légèrement le bord de la toile. Le velours projeté sur l’encadrement n’est pas en reste et dénote lui aussi avec la bonne impression générale du produit. En effet celui-ci s’effrite facilement. En comparaison directe, la finition Aeon est beaucoup plus homogène et représente un véritable rapport qualité prix que nous ne saurions trop vous recommander. Les bords disposent d’ourlets renforcés et d’œillets. La toile est ainsi protégée, la mise en place simplifiée et le risque de gondolement amoindri.
INSTALLATION
C’est sur ce point que nous avons ressenti le plus de difficulté. En effet une toile technique n’apporte pas que des avantages. Vous ne pourrez pas nécessairement prétendre à décrocher votre ancien écran pour le remplacer par une toile ALR comme le Cinegrey 3D. Phénomènes de « point-chaud », « effets paillettes » , « directivité » sont autant de paramètres à prendre en compte en amont pour réussir son intégration A ce titre une notice « Hot-spot », recommande un recul minimum de 1,5X la hauteur de l’écran, ainsi que des indications pour placer l’écran, l’angle de visionnage, et la position du projecteur. A noter que contrairement à Lusoscreen, ES ne propose aucun système d’inclinaison de la toile. Quelques degrés suffisent parfois à déplacer le point chaud pour le rendre invisible à l’angle de visionnage du spectateur.
Même en respectant à la lettre les indications fournies, nous avons eu beaucoup de mal à placer conjointement notre toile et notre petit projecteur ViewSonic PRO7827HD dans un espace aux mensurations standards (4X4mètres), Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il faudra s’armer de patience, tenter et recommencer dans certains cas pour obtenir le meilleur ajustement possible. Une fois installé, l’écran à tout de même fière allure dans notre salle !
MESURES
Nous avons décidé de pratiquer les tests en utilisant un vidéoprojecteur DLP, le ViewSonic PRO7827HD . Après une calibration, sonde dirigée vers le vidéoprojecteur nous obtenons une image aux références REC709 .
VIEWSONIC PRO7827HD CALIBRATION
Le projecteur est mesuré avec une température de couleurs de 6502K, un écart deltaE à 0,7 , le gamma à 2.24. Le CIE présente un deltaE à 0,7 pour la chromaticité et des écarts réduits de luminance.
La valeur de luminance est mesurée à 20,73 fL.
CINEGREY 3D GAIN ANNONCE 1,2
En fonction de son milieu de projection la dérive peut être accentuée par la réflectance des surfaces environnantes. Nous avons procédé à des mesures sonde à 45cm très légèrement décalée pour éviter l’ombre projetée et la brillance. La dérive des niveaux RVB est anecdotique et ne dépasse pas 2%.
La température de couleurs est maintenue à 6510K avec un écart deltaE qui reste sous la barre de tolérance de 3 (1,5). Le gamma reste collé à 2,24 et toujours bien plane. Tout semble concorder avec les tests de l’ISF.
Avec une luminosité de 20,73 fL en mode lampe Normal sonde orientée vers le projecteur sans calibration, nous obtenons une valeur variant entre 23,5 fL et 35,90fL appareil de mesure tourné vers le cinegrey 3D, soit un gain situé entre 1,15 et 1,70 !
Ces résultats s’expliquent par la présence d’une brillance (point chaud) au centre de l’écran. Le relevé moyen se situant à 26,58 fL soit un gain proche de celui annoncé par le constructeur. Nous avons procédé à une mesure sans toucher la sonde en inclinant plus ou moins l’écran. Une inclinaison nulle 0° donne une luminance de 26,58 fL, tandis qu’un angle de l’ordre de 5° la fait chuter à 18,72 fL. L’inclinaison déplace le point chaud et rend acceptable la luminance centrale. En accord avec les données d’Elite Screens le gain tombe à 0,6 sur les bords de l’écran avec une luminance relevée à 12fL toujours en mode lampe Haut.
Avec une chute importante de la luminosité causée par la directivité de l’écran, nous avons ressenti le besoin de compenser la perte de dynamique en passant dans un mode de lampe Normal. Sur ce plan tout dépendra des goûts de chacun.
POINT-CHAUD/ EFFET PAILLETTES
En fonction de la composition de la toile, un point chaud peut s’accompagner d’un effet de « sparkles » . Le substrat actif des toiles techniques contenant plus ou moins de ces paillettes métalliques, micro perles, nacre, alumine….une brillance est observable au point où se concentre le gain maximale de la toile, c’est à dire au centre.
Comme le laissait présager le graphique sur la répartition du gain du Cinegrey 3D, on est en présence ici d’un point chaud très visible.
Même en suivant les recommandations d’ES, à savoir le respect d’une distance minimale de 1,5 fois la hauteur d’écran, cette brillance a persisté.
Nous avons joué sur la position du vidéoprojecteur en faisant varier la hauteur de positionnement, le recul , cela n’a pas suffit. Il a fallu influer sur le positionnement de l’écran , sa hauteur et son angle d’inclinaison pour réussir à « déplacer » à 98% le point chaud de notre angle de visionnage.
Pour ce qui est d’une éventuelle présence de sparkling, nous n’avons pas été en mesure d’observer un tel défaut si ce n’est dans la brillance générée au centre de l’écran. Avec notre angle de visionnage, le point chaud est « éliminé » en grande partie, les paillettes ne sont donc pas visibles.
Comparaison directe Cinegrey 3d contre toile blanche classique
Nous avons procédé à une comparaison directe des deux toiles. Le Sable Frame étant fixé au mur nous avons dû fixer et tendre une toile blanche par dessus sur la moitié du cadre. Le bénéfice dans les noirs s’accompagne d’une perte de la dynamique d’image. Le blanc perd clairement en intensité. Cependant même en mode lampe Eco, nous avons ressenti les bienfaits du CG3D sur la lisibilités des nuances sombres.
Comparaison Cinegrey 3d contre traitement partiel
Nous avons installé un système amovible pour diminuer la réflectance de notre pièce non dédiée. Notre choix s’est porté sur des rideaux de velours noirs qui ne renvoient pas la lumière reçue. Une fois tendu, nous obtenons une alcôve d’1m55 de large. Plusieurs avantages à cette installation :
– le prix (entre 7 et 10 euros le mètre)
– la possibilité d’installer à nouveau une toile blanche
– une véritable immersion
Comparaison Vidéo
Le CG3D garde l’avantage de la lisibilité des noirs, le traitement partiel est aussi un bon remède à un environnement pollué.
Nous avons aimé : – le rapport qualité prix pour une finition Aeon – le poids plume – la certification ISF avec une dérive colorimétrique contenue – une quasi absence d’effet de paillettes
Nous regrettons :
- Le système de tension de la toile pour la version Sable Frame
- La présence d’une brillance très prononcée au centre de l’image
- Une toile trop directive
Note Finale 70%
Non le Cinegrey3D n’est pas un écran magique, mais il a le mérite d’offrir dans une certaine mesure une solution palliative aux environnements non dédiés. Sa note très correcte n’est pas étrangère à sa certification ISF. Nous regrettons tout de même la présence d’un point chaud très visible, et, une directivité que nous jugeons importante. Si vous optez pour la gamme Cinegrey nous ne saurions trop vous recommander de vous diriger vers une finition de base Aeon.
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